Kenya: 26/07 Nanyuki Nairobi Namanga: mégaphone et spiritualité

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À Nanyuki, peu de temps après notre arrivée, au coin d’une rue, un homme vient à notre rencontre: ” What do you need? ”
Nous lui répondons: “Something to eat, a place to sleep…”
Aussitôt, il s’empare de son mégaphone et annonce quelque chose en kiswahili. Les gens lèvent une main comme pour approuver…
Il nous conduit dans une gargote, nous devons choisir notre repas, il s’en va et viendra régler plus tard.
Pour le bout de terrain et pour la tente, nous sommes les bienvenus chez lui. Il souffle sur les braises de l’humanité,  de l’hospitalité,  celle que nous transportons, au chaud depuis si longtemps.
Entre temps nous avons trouvé un artisan chausseur, recycleur de pneux. À peine fini, Simon nous retrouve avec quatre de ses fidèles. Après nous avoir posé les dix questions habituelles, comment faites vous avec l’argent? Comment financez-vous? Les enfants vont-ils à l’école? Vous n’avez pas peur des terroristes, du climat et des animaux sauvages, la les enfants ne sont-ils pas fatigués mais qui a eu l’idée, la mère est-elle d’accord? Il insiste pour régler les chaussures. Mais quel est cet homme?

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Et nous voilà confortablement reçus dans la maison neuve de bishop Simon et de Frechia où un copieux repas nous est concocté.

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Seule déception, quand nous lui disons de prendre le vélo comme outil de déplacement pour prêcher, il nous rétorque que c’est impossible. Les gens penseraient qu’il est pauvre…incompatible avec un pasteur…quelle dommage. Nous pensions que Jesus était un homme simple…

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Samuel, le plus jeune de leur quatre enfants vit encore ici. 2 autres sont à Johannesburg, le dernier travaille dans un lodge au coeur de la réserve du Mont Kenya voisin

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Simon et sa femme sont tellement aidant et l’ambiance est si relaxante que nous prolongeons notre rencontre en restant un jour de plus. Nous avons besoin de temps pour  écrire et trouver un moyen de transport pour rejoindre rapidement la frontière, dans 3 jours les visas expirent, et ils nous restent 300 kilomètres à parcourir. Simon fait encore preuve de dévotion à notre égard en nous dénichant un micro bus jusqu’à Nairobi. De là bas, nous devrons  en trouver un second pour nous conduire jusqu’a Namanga, la frontière. Pas de trajet direct, quelle galère!

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Notre départ s’accompagne d’une lecture de la Bible. Tnetative de reconversion…nous écoutons

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Mémoire du prêcheur

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Aujourdhui, il est toujours très smart. Si seulement chacun avait l’idée de prêcher des bonnes paroles, des opinions , dans la rue, comme lui, la réflexion de rue serait plus vive!

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Nous passons 3 heures à Nairobi juste assez pour trouver la ville particulièrement engorgée.. Juste le temps de quitter un chauffeur pressé de repartir et celui d’attendre un énorme bus. Juste le temps pour les enfants de gagner un peu d’argent en jouant les carristes. Habitués à voir  nos transactions, nos négociations, les enfants sont devenus d’âpre commercants.

Pendant ce temps, notre dernier orphelin “tafadhali” (s’il vous plaît,  en kiswahili), joue, glane quelques os chez le boucher et observe la scène.
A bientôt pour la suite e nos aventures en Tanzanie

Kenya: 24/07 : Rumuruti- Nanyuki: drôle de zèbre au parmesan

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Après 2 heures dans une gargotte de 5 m2, nous ne pouvions plus attendre… Les gens l’attendent pourtant depuis plus de 6 mois. Nous enfourchons nos vélos. Et la petite averse s’est peu à peu transformée en grosse pluie puis en trombe d’eau. Même bien couverts, la pluie s’ infiltre, les tissus se gorgent peu à peu d’eau. Sans abri pendant plus de 5 kilomètres, pas d’autres solutions que d’avancer. Nous avons bien tenté le parapluie, mais le vent ne veut pas…

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Ça dégouline de partout, et ici, en altitude, l’Afrique est bien froide. Nos chairs commencent à trembler.

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La pluie nous a débordé. Tout est gorgé d’eau, 2 centimètres au fond des sacoches, nous commençons à essorer.

Par providence, à Rumuruti, les gens du coin nous indiquent une mission, une maison pour nous.
Un prêtre italien nous y accueille aussitôt avec un vrai expresso pour les grands et des gâteaux pour les mômes.
Ce soir nous ne dormirons pas sous la tente. Une association qui s’occupe du parrainage d’enfants au sein de la mission nous invite pour le repas et la nuit.
Maria Christina “la grande”, Maria Christina “la petite”, Sergio et Yossé passent une grande partie de leur temps en Italie. Là bas, ils convainquent les gens à offrir le coût d’une scolarité pour un enfant d’ici, ceux de familles “défavorisés”. Ils sont venus pour un mois, annoncer les nouveaux parrainages dans l’école et contrôler ceux en cours.

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Ce soir, ils prennent soin de nos enfants. Au menu pour nos papilles, “gnocho fritto”, mortadella, parmesan, jambon de parma. De quoi innonder nos racines, faire ressurgir les sens de nos cultures, après ce grand rinçage aquatique du jour.

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La petite Christina montre aux enfants les petits cadeaux qui accompagnent l’annonce du  parrainage

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La grande Christina aime beaucoup parler, conseiller, diriger…”Avec les pluies, vous risquez gros! les rivières auront certainement débordées, vous en aurez jusqu’à la taille, les éléphants peuvent traverser la piste et vous charger….  il faut faire demi tour, dit elle. En plus, dans ces coins, les gens sont très pauvres…
Après l’épisode de la pluie, voici venu celui des bêtes sauvages et de la piste impraticable.  Après les débordements de la journée, voici venu celui des appréhensions. “Alors, que faites vous demain? que décidez vous?” Nous sommes là depuis 2 heures à peine, épuisés par l’épreuve de la pluie, fatigués par les 20 jours de pistes, le sable du Turkana, la caillasse entre Lodwar et Lokichar, l’ascension à fleur de montagne entre Barpello- Cheminlingot, et à nouveau les cailloux du lac Bogoria, toutes nos affaires sont mouillées et nous devons nous précipiter pour nous décider…. La pression fait naître l’hésitation et l’appréhension…
Par prévoyance, nous nous imposons une pause. Demain nous laverons toute nos affaires…

A notre départ,  la femme de ménage nous fait une annonce  : “if god wants you to stay in Africa, may be we will meet you again”
Pour nous encourager, le père donne une tablette choco mint pour chaque enfant, mets si rare pour eux, et même un rubiscube. Encore une fois, le courage offre de belles récompenses.

À peine 7 kilomètres après notre départ, surgit George en véhicule tout terrain. De suite, il nous invite chez lui, dans son ranch à une poignée de kilomètres. Cécile, toujours remplie d’appréhension à l’idée de rencontrer le pachiderme,hésite. Il surenchérit: “nous pourrons pêcher, faire du bateau, et  sa femme parle Français”. L’invitation est si passionnelle que nous ne pouvons qu’accepter.

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Tous deux britanniques originaire d’Afrique du Sud, ils habitent là dans la propriété du père de Georges, venu s’implanter ici. “Kifuku” , c’est le nom du domaine, héritage du surnom du père “gros sac”, car célèbre dans le coin, pour offrir aux gens plein de choses, sorties de son gros sac…..

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8 chiens partagent le quotidien de George et Marina.  Étudiante à Paris pendant quelques années, elle converse aisément dans notre langue maternelle.  Avec une vue imprenable sur les environs, nous partageons même le repas avec eux, une verre de vin rouge à la main.

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Un lac, un canoë, : nage, pêche,  bateau moteur pour les garçons: c’est une journée de repos active.

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Pour notre séjour, nous bénéficions d’un cottage au ras de l’eau. George fait allumer pour nous les chaudières à bois, afin de nous offrir un bain chaud: l’eau du lac,pompée est rechauffée grâce à un tuyau serpentin qui passe entre les tôles du foyer: quel luxe de confort au milieu de la nature!

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1300 vaches Borens broutent les patures locales, et prennent une douche chaque samedi pour décaper les tiques porteurs de beaucoup de maladie.

Au matin, George nous interpelle: ” Aujourd’hui, il fait froid. Il n’y a pas des matins où vous vous demandez pourquoi vous faites çà… ” Il faut dire que nous sommes encore à1800m d’altitude.

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Vaches, moutons, chèvres… défilent sur le bord du chemin, nous coupent la route. Mais où sont les autres? Tous ces animaux sauvages qui peuplent nos images d’enfance de l’Afrique.

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Avec les gamins nous jouons au grand jeu de la jungle pour dénicher les animaux. Beaucoup d’entre eux sont imposants et pourtant dans les nuance de gris, et les arbustes jaune paille du bush pas toujours facile à voir. Hansel et Greg prennent la tête pour gagner un maximum de point, une nouvelle espèce rapporte 10 000 points… il y a toujours une compétition quelque part, même en pleine nature…le “toujours plus”n’est pas que l’apanage de l’occident…

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De ranch en ranch, de forêt épineux en forêt épineux, nous sommes en quête d’éléphants, tout le monde nous a dit qu’ils étaient là. Les barrières électriques et les écriteaux en témoignent. De l’appréhension â la déception.  Ca doit être plutôt excitant de les croiser. Mais paraît il qu’ils craignent le soleil, alors il est peut être déjà trop tard…

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Nous croisons de nombreux zèbres, gazelles, antilopes, lapins aux oreilles rouges et rousses, phacochères, et même des empreintes et des crottes d’éléphants.

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Et voilà plus de 75 kilomètres que nous parcourons une piste parfois caillouteuse, mais presque une ballade au regard des chemins du nord du pays.

Durant les 40 derniers kilomètres, nous longeons la barrière d’un parc… D’un seul coup les points s’enchaînent à grande vitesse. Greg aperçoit du blanc mouvant, les défenses se détachent du fond… Les pachydermes sont enfin là. Ceux la sont préservés,  aussi nous les verrons de loin mais le rêve devient réalité. Quelques kilomètres plus loin nous apercevons des arbres en mouvement, Hansel emporte un autre paquet de points, les dames au long cou sont aussi présentes.

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merci Phillip pour ses gros plans

Kenya: 21/07: Subukia Nyahururu : Équateur, hémisphère, et mes frères

Et la cerise sur le gâteau, ou le porte bagage sur le vélo, les grands enfants de William vont à l’école en vélo!

Et plus que jamais, nous devenons un mythe, nous développons avec eux la  philososphie du vélo. Nous donnons de l’importance à leur petit geste quotidien et ils se persuadent en nous voyant qu’on peut aller très loin à vélo,  librement.

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Le grand clown au grand  coeur: Papa William reste encore bien présent dans la tête des enfants.

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Il habite un petit village symbolique, Mogotio, là où nous passons l’équateur. Les enfants font l’expérience de la force de Coriolis, et effectivement,  une fois passé la fameuse ligne, l’eau s’évacue bien dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

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Et un four solaire pour limiter la déforestation. Cest le seul rencontré depuis notre départ…

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Nous ne sommes pas nationalistes, mais William voulait saluer notre passage, le 14 juillet. Nous l’apprécions comme un symbole de la distance qui nous en sépare.

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Et William passe le relais de l’hospitalité à une de ses connaissances, Francis, un français marié à une Kenyane….7 kilomètres plus loin…dure la vie

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Francis est un grand voyageur professionnel dans le voyage de la bouffe, ou le convoyage… autant dire qu’il en a déformé des valises.
et Jennifer, chanteuse, fait les louanges de Jésus en rythme, ” Feel at home, feel free, karibou, welcome.”
Jao se fait appeler Johnny, Johnny, comme beaucoup de gens nous nomment sur la route!
“they are really lucky, they can learn langage in travelling! Une louange pour notre école buissonnière….

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Dairy milk grâce aux vaches de leur pâture voisine, chappatis à la carotte et citron, de la viande â tous les étages, dans une maison plein pied, le pied!

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Et à Nakuru, la ville la plus proche, Francis accompagne Greg dans son atelier de soudure habituel. Nous trouvons enfin du bon métal pour remplacer les suspensions à lamelles, une grosse lame de véhicules tout terrain glanée dans la casse d’à côté. Découpée et percée à la bonne dimension, elle remplace les deux anciennes, sursoudées.
C’est la réincarnation de la voiture en vélo.  Quand on vous dit que la bicyclette, c’est l’avenir!

Merci Francis pour le coup de pouce technique et les bons moments au calme dans votre foyer.

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Nous découvrons grâce à Jennifer, les termites grillées à grignoter, un délice au goût noisette. Elle les attrape en phase volante, grâce à une lampe torche, un bocal transparent  et une bassine d’eau, un piège pour venger la couverture grignotée!

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Pour la suite de notre aventure, nous dénichons grâce à toute cette bonne équipe, une piste magique: Campia motto Banita Bahati. Le chemin suit une ancienne ligne de chemin de fer. Hormis quelques rares motos, nous croisons plein de cousins à vélo: charbonniers, flâneurs, Eusebio passe de porte bagage en porte bagage. Bercés par les euphorbes candelabres, huttes en terre, au milieu des vallons, nous bichons.

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Bonheur de la route secondaire en terre, peu usitée par les voitures, donc peu abîmée par leurs passages brutaux. Le temps devient biologique, le temps de se parler, de s’entendre, de s’arrêter car les bruits sont naturels, passionnels, non plus “surdimensionnels”, source de querelle.
Une des seules voitures qui nous dépasse prend le temps de nous parler ” I wish I could follow you!”
Les kenyans maîtrisent très bien l’anglais, à tel point que nous ne faisons que de maigres progrès en Kiswahili. Ils ne veulent pas le parler avec nous, fiers de développer une autre langue.

Le temps d’un petit bivouac dans la prairie de nos grands copains du lendemain, les keufs du coin! Et hop, nous rejoignons déjà un goudron certes lisse, mais fréquenté par d’agressifs engins. Montée,  montée, montée dans les champs de maïs,  puis de café,  et de thé.  Les camaieux de vert sur les pentes des vallons voisins edulcorent le contact difficile avec les voitures.

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Nous nous arrêtons en bord de route pour la pesée des sacs, récolte des feuilles de thé…. nous en buvons tellement que nous nous demandons combien il faut de feuilles pour parfumer le nôtre.

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Tous à vélo!

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Tous au maïs!

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Toutes les épiceries sont grillagées! Quelle horeur de convivialité! Propriété, prison, consommation….

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Quelques ananas engloutis, délices du chemin, et nous glissons jusqu’à Subukia
Encore des “cramés” pour nous accueillir, refuge du soir, une  école. 300 enfants nous entourent. Le père Mickael nous sauve, en nous invitant dans sa demeure. Nouvelle plongée dans la vie des pieux. Calme, interrogatif, mystérieux,  l’ambiance est apaisante. Selon eux, la conclusion est souvent la même: “Jesus rencontre Jésus” pourquoi pas? Si nous nous mettions tous à vouloir imiter ce larron, nous vivrions bien plus en paix, sans même attendre pieusement sa protection, sa bénédiction,  son salut… À l’attaque!

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Qu’est ce donc, cette nouvelle victime des bagnoles? A vous de nous aider avec votre accès quotidien à la toile…

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Celles que nous préfèrons, au naturel !

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A Nyahururu, à peine arrivés, juché sur sa moto, Gitonga, dévoué se précipite vers nous pour répondre à nos besoins: un coin pour manger, un autre pour dormir… Ni chrétien, ni musulman, il croit en Dieu. Encore un messie sur le chemin qui, avant de nous quitter, prie pour nous et avec nous dans la prairie.
” Merci pour cette belle rencontre, protège cette famille, leur chemin… que les rencontres soient bonnes. God bless you”

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Le froid et la pluie ont soudain débarqué. Rapellons qu’on est à plus de 2000 mètres… Jao ne choisit pas le meilleur moment pour redécorer la tente en pleine nuit. Il vomit dans son duvet…joies des bivouacs avec des lessives au petit matin dans le froid, les pieds dans la rosée en attendant que la tente sèche.

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À chaque ville, à chaque pays, ces gamins qui se shootent à la colle… sans que personne s’y colle…

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Les” border, border” vélos taxis , historiquement apellés comme ça, car présent à la frontière,  parait t’il pour passer d’une douane à l’autre.

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Notre nouvelle mascotte!

Kenya: 12/07: Lac Bogoria Mogotio: Marabout, maji motto et 17 ans d’âge

La route qui mène jusqu’au lac Bogoria est douce. Non seulement le revêtement est parfait, mais les abords nous réservent plein de belles rencontres animales.

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“Et ta tente, elle pèse combien?” échange de nomades avec les tortues en bord de route

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Les autruches sauvages s’enfuient devant nous en remuant le popotin, leurs grandes plumes flottent au vent.

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Les zèbres barbottent dans une vaste prairie marécageuse.

Devant l’entrée du parc, nous nous annonçons comme prévu, invités de William. 5 minutes plus tard, un homme nous tend un téléphone, William est en ligne. “Vous devez être très fatigué, que diriez vous de planter votre tente au resort hotel spa à 200 mètres de là, 2 piscines pour vous relaxer les muscles? ”

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Aussitôt dit, aussitôt fait, 2 piscines, une froide et l’autre alimentée par une source d’eau chaude
Nous passons d’un bassin â l’autre pour détendre nos muscles, adoucir nos courbatures
Pendant ce temps là,  les ibis survolent les bassins, nous passent le message.

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On bulle, on nage, on bulle, on nage…la détente des muscles, de la chair, de l’esprit…

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Au campement sous les arbres,  les marabouts se prelassent au soleil, ailes déployées.
Les singes vervet volent nos maigres provisions. Ils se goinfrent des graines, fruits des grands arbres qui nous abritent.ils nous jettent ensuite les cosses.
Les termites restent discrètes malgré leur grande cheminée.
Et les chauve souris viennent attraper les insectes qui virevoltent autour de la lampe du camp.

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Dès l’entrée du lac, nous longeons le lac Bogoria, une masse d’eau mortifère, ténébreuse, aqueuse, mystérieuse bordée par une montagne.
Aux abords du lac, les autruches surgissent puis disparaîssent en trombe et les Flamands roses nous rendent visite. Ils se rappellent de notre passage en camargue. Eux aussi sont nomades, personne ne leur pose de questions. On vient même les admirer de très loin.

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Le niveau du lac a monté, le chemin qui longe le bord est submergé. De déviation en déviation, nous contournons  en partant à l’assaut de petits monts. Le soleil monte, les côtes se succèdent et nous nous demandons ce que nous faisons dans ces décombres de cailloux. Jao descend à chaque côte, car nous devons encore pousser, tirer la cariole dans ces successions d’ascension.
Seuls de rares véhicules “safaris” nous dépassent. D’un toit ouvrant parasol sortent de gros téléobjectifs qui shootent les seuls animaux visibles de la piste, nous…
Tentés par un bain impossible dans ce lac aux eaux bouillantes, le diable est pourtant splendide, calme. Aucun oiseau, aucun poisson ne semble habiter cette partie, beauté insaisissable, tentation d’un désir plus qu’interdit, car impossible. Est ce la représentation d’un paradis sur terre? Une nouvelle crevaison vient dégonfler le reste de courage encore en stock. Il nous faudra plus de 5 heures pour en découdre avec ces éléments hostiles. “Maji moto”: on pourrait imaginer une forteresse japonaise, mais pour ceux qui parlent le kiswahili, vous avez compris que c’est bien d’eau chaude dont on parle., Ces petites bulles brûlantes apparaissent enfin en bord de rive. Vapeur, mini geyser, ca chauffe par ici, ça bout.

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Dans un petit creux, nous parvenons à déposer nos oeufs qui durcissent, cette expérience plaît beaucoup aux enfants.

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C’est alors que William, entre en jeu.  il est venu nous chercher jusqu’ici au milieu du parc, avec son vehicule tout terrain. Il nous évite une piste caillouteuse et bosselée, impraticable avec notre chargement.

Petites scènes comédiennes: conduite sans les mains, beaucoup d’onomatopées, de grimaces : un clown, spectacle vivant, William adore faire rire les enfants!
Hansel dit en le décrivant: ” je l’aurais plutôt imaginer en costume, cravate, mais il est fondamentalement indiana jones avec son chapeau de brousse safari, son 4wd.

Le famous man, il connait tout le monde sur la route, salue un tel puis l’autre au tél,  entre deux coups de tél.  Il a des pions, partout. Il est l’homme de la vallée du rift. Il nous raconte que depuis notre passage à la frontière kényane,  tous les gens se réfèrent à lui, par téléphone,  pour relater notre passage, et essayer de déchiffrer qui nous sommes. Il est l’africain qui veut faire voyager l’africain comme le “rose blanc”, pour qu’il écrive à son tour sur l’Afrique.

Le soir de notre venue,  sa femme, Charity ( Kemboy) concocte un délicieux dîner, une viande servi avec des légumes frais sur un riz pilau, plein de saveurs pour notre palais, parfois, endormi sur le chemin par des plats efficaces en calories, pauvres en goût… La soirée se prolonge avec un questionnaire des grands enfants.
Laura ( jerono: née quand les chèvres rentrent des près) 23 ans, Andrew (Kimutay:  born in the morning) 18 ans, Amanda ( Chepkorir: née au lever de soleil) 16 ans, Ian ( Kipngetich:  né quand les vaches se réveillent), 5 ans.

Comment avez vous réussi à entreprendre ce départ? Pourquoi avez vous tout quitté?  Pourquoi faire çà? …et votre famille, vos, proches, comment ont ils réagi,  qu’en pense t’il?
Les réponses sont longues, plaisent…nous développerons dans un prochain article.

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Un spectacle de plus!

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La maison en construction…quel dommage! William nous promet de conserver celle en terre, pour les visites d’hôtes.

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Avec Charity, son prénom suffit pour la décrire…

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Kipngetich, le petit dernier plongé dans son imaginaire, ne cesse de répéter:” I can see wild animals” en regardant au loin.

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Avec Jerono, une petite femme délicate comme sa mère. 

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Pour couronner la délicatesse de cet accueil, de cette hospitalité, William et Charity nous offrent une bouteille de vin francais à déguster…1997…17 ans déjà.  Beaucoup plus long que notre presque année de seuvrage…
Dans la discussion sur le voyage, nous expliquions que nous mangions local, et ne consommions aucun produit d’import pour soigner notre budget. En citant par exemple le fromage, le saucisson ou le vin rouge francais qui nous manque…

Il habite un petit village symbolique, Mogotio, là où nous passons l’équateur. Les enfants font l’expérience de la force de Coriolis, et effectivement,  une fois passé la fameuse ligne, l’eau s’évacue bien dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

Kenya: 10/07: Cheminlingot- Baringo-Marigat: et hippos…

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Bain dans la culture pokot au marché de Nginyang

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Plein d’avocats, mangues, et choux pour du  carburant vert sur la route.

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Et soudain, un tapis lisse se déroule sous nos roues. C’est l’emballement! Les vibrations vacillent, nos os glissent à nouveau, enveloppés dans notre masse acqueuse. Hansel lâche les deux mains du guidon, fait l’oiseau libre, prisonnier du confort de la route…. enfin, pas vraiment, 20 kilomètres plus loin, à Loruk, le bitume s’arrête…

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L’appel de la police…. nous avons encore dormi  chez eux, à cause de notre arrivée au crépuscule. Perdus sur un petit mont, la vue sur le lac Baringo  est imprenable, surtout avec cette garnison. Pour entrée en matière,  nous buvons l’eau du lac, comme eux, communion avec la nature.

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Les hippopotames sont venus brouter là la veille au soir selon eux…nous rêvons déjà…

Le lendemain, les villageois nous conseillent de nous rendre jusqu’au “samak camp”, camp des, poissons, à 15 kilomètres de là,  pour pouvoir nager.
Le bitume a bien disparu… il, reste des plaques d’un ancien revêtement, qui grâce à un bon slalom entre les trous, reste une route conviviale. À l’arrivée sur les lieux, une grande barrière à bascule, le délire d’une frontière au milieu d’un pays, baraque à fric, péage pour l’état,  du fric sur le dos de dame nature, quelle drame!
Après une heure d’explication, le voyage, la paix, la liberté, le courage s’enlisent dans les convictions cupides du dieu argent! Au moment où nous décidons un départ, le chef des lieux décide de contacter par téléphone le chef suprême qui s’occupe de tout le secteur ( chief warden conservatory) . William débloque la situation et nous invite même à nous rendre au lac Bogoria, accessible pour 50 dollars par personne. Il nous a dépassé hier en voiture avec un cortège d’une quinzainde de bolides sur la route. On avait cru que c’était le président en campagne. Il est sous le charme du courage, du voyage, et de la traînée de bonheur qui se répand dans la nature.
La barrière se lève, séance photos, à nous la liberté,  à mort le fric!
Arrivés dans un village, nous sommes assez déçus par les bords du lac….invisibles. Les seuls accès ont été dévorés par 3 lodges à touristes….nous sommes définitivement dans un spot, pourtant au bord d’un lac somptueux. En effet, nous croisons plus tard  3 gros camions surélevés, ornés de touristes en piste pour un circuit en Afrique de l’est.
Nous rentrons au culot, au “Robert’s camp et nous installons sur les beaux canapés du lodge, les pieds presque dans l’eau. Le personnel très courtois nous laisse libre. Nous faisons l’école aux enfants au son des multiples oiseaux qui virevoltent dans les parages. La gérante remplaçante nous invite pour une balade au bord de l’eau. L’ occasion d’apercevoir des crocodiles, d’énormes lézards, et les singes vervet qui nous suivent depuis l’Ethioie ou l’inverse. Le soir, nous revenons meme voir les hippopotames à la torche, qui viennent  brouter les hautes herbes aux alentours, nous sommes comblés. Alors pour la baignade on s’abstiendra!

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Torbjorn  nous invite même pour un café fléchettes le lendemain matin.

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Ici ça frit dans tous les sens!

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Poissons chats du lac

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Le trou formé par d’anciennes boucles d’oreilles attire nos mômes. Lorsque nos sales mômes introduisent le doigt dedans,, ils se mettent à chanter en coeur, c’est magique!

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Et c’est reparti pour quelques tours de roue pour oublier les stupidités et se remémorer les bons instants.

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Accroché par les 6 soeurs à la mission de Marigat, les enfants se font faire des pochettes au crochet. Pâte à tartiner, beurre de cacaouhetes, café, et une vrai jardinière dans l’assiette le soir accompagné d’un ougali brown, variante de farine de mais. Elles sont gourmandes et nous partageons cette qualité.
Merci Monica et les autres! C’est promis, si on remigre vers le Nord, on passera par chez vous!

Kenya: 6/07:Barpello Cheminlingot: rocky road, rocky people

Dans une petite hutte en bois entrelacés et ajourés, 2 femmes s’activent à rouler des boules de pâtes, elles préparent des “chapatis”. Nos mômes à l’ouvrage, mini chapattis, atelier pâtisserie, collation pour tous.

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5 mètres carrés ronds, assis sur un micro banc d’une dizaine de centimètres de large, une table à peine plus large, une dizaine de personnes sont parvenues  à s’infiltrer à l’intérieur, pour entre apercevoir les vip, diplomates de l’Afrique de l’Est. La fumée, éclairée par les rayons de soleil, s’échappe. Les chapattis déchirés  en petits morceaux sont mélangés avec  haricots rouges et grains de maïs, avalés par les locaux. Nous, on les trempe dans le thé au lait, c’est déjà bien assez copieux.

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Une admiratrice

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Avec leurs chapeaux à plume, leur jupettes, leur ribambelle de bracelets et de colliers, les grands anneaux métalliques, les pokots du coin sont d’époque.
Surtout les anciens avec leur bijou métallique sur le menton.

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Sans oublier l’appuie tête,  présent depuis près de 500 kilomètres, souvenir d’Éthiopie.

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On s’était encore une fois isolé pour distiller un peu d’école buissonnière théorique à nos mômes…mais 30 minutes plus tard, nous avons 30 pokots in the pocket…

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Un bois  qui part en inde, pour la parfumerie, dont on a oublié le nom…

Certaines femmes ne portent plus leurs boucles sans doute trop lourdes. Leurs oreilles sont en lambeaux, déformées, ajourées d’un trou béant.
les autres cachent leurs origines, leurs coutumes derrière des habits modernes, mondiaux, uniforme de la mondialisation . Ils ont même ce nom d’emprunt,  anglicisé : Hélèn, Ken, Steve, Chris, Mary, etc…
Écrasés par la fatigue accumulée et prévenus d’un parcours difficile pour la suite de la piste, nous nous offrons un jour farniente.
École pour les enfants, écriture pour les plus grands, sieste, et nous sommes invités pour finir la journée en compagnie de tous les profs de l’école voisine. Soirée chèvre grillée,  avec même quelques bières kenyannes pour l’arroser. Officiel, l’assemblée, après avoir grignoté ses os, chacun se lève pour se présenter. Le chef politique du village traversé la veille, trône. Il veut que l’on s’installe ici, il nous donnera un terrain.

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À 5h30, les chants gospels de l’église voisine nous tirent du lit. Chapaty party, le départ est lancé à 6h30… un peu tard…
Sur plus de quatre kilomètres, des pentes vertigineuses nous alourdissent, nous écrasent dès le départ.

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Deux heures plus tard, la progression est bien maigre. Mais le cadre est somptueux, entre deux monts, encore seul au monde. Une moto surgit, s’arrête,  s’extasie devant notre petite troupe. A la fois sidéré et inquiet, il connait la piste, veut nous aider, nous assister, nous “supporter” (en anglais dans le texte). Normalement il ne fait jamais cette piste le dimanche. Il s’est levé tôt pour aller à la messe. Notre rencontre n’est pas un hasard, c’est un signe de là haut. Un vrai père de terre! Il nous allège de 5 kilos de matos et d’Eusebio un gros morceau.

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Chameliers, enfants qui s’enfuient, écureuils, mont apres mont, nous montons, luttons, entraînés vers le bas par nos amas de poids, puis nous freinons, dérapons, heurtons, butons sur ces amas de roches, de pierres.

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Secoués, martelés, fracassés, les vélos couinent, crissent, nos vertébres se tassent, nos os endossent les secousses. Les dénivelés, les cailloux nous forcent à alterner entre équilibriste sur nos vélos, et lutteurs, pousseurs à pied. Jao est même contraint à quitter sa calèche de petit prince, pour, à son tour, affronter les éléments.
Plus souple, plus léger, Hansel  slalome, serpente ente les roches, maître de la piste.
Une épine parvient même à crever une roue, un trou de plus à reboucher, un lien qui nous pompe l’air, pour une moyenne actuelle d’un jour sur deux… Peu de temps après, un crac et c’est de nouveau les lames de suspension qui craquent. Nous réparons, rafistolons avec ces chambres à air qui ne manquent pas d’air, et repartons.
Seuls au monde, nous savourons ces moments en même temps que nous endurons ces instants là.

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À peine arrivés, nous sommes attendus et conduit chez Evans. Nous avons le droit au rafraîchissement, à la douche, en plein air, au soleil, la meilleure douche!
Bercés, cajolés, l’atterisage se fait tout en douceur. ” Fell at home ” sera l’un de ses premiers mots. Si cela pouvait toujours être comme ça!
Batisseur de métier, il est ici pour la construction d’une église dans la région tandis que sa femme et et ses enfants résident près du lac Victoria.

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Bien que célibataire,  il déborde d’attention. Il se lance dans la préparation du fameux Ugali mboga et tue même une poule pour l’occasion. Exquis.

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Au petit matin, après un thé au lait traditionnel, accompagné de ” mandazis” (petits beignets frits) , impossible de repartir les mains vides. Il offre aux enfants son bonnet de motard avec lequel ils jouaient… et même un chiot… à donner si on ne le supporte plus…

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Evans, emprunt d’une bonté débordante, fait partie de ses êtres humains, qui donnent envie d’être encore plus humain, 

Kenya: 5/07:Chesegon-Barpello: dick dick, polygamie et termites

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Attroupement d’écoliers costumés.

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Les saluts de la route, chaleurs humaines, inlassables…

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À Chesegon, la rivière qui coule ici, sépare les Pokots des Marakwets. Elle nous offre surtout un nouveau rafraîchissement, un bon décrassage.
Comme à l’accoutumée,  un homme nous conduit chez les keufs, plutôt que chez lui quand nous lui demandons où nous pouvons planter la tente…. cela fait maintenant 4 soirs de suite, quel dommage que l’habitant ne soit pas plus accueillant… Au pied de la montagne, dans un carré d’herbe,  avec vaches, poules et poussins, nous bullons..
Réflexion sur la police… ces hommes qui attendent, attendent, attendent l’inattendu…qui n’attend pas. Souvent, les gens nous questionnent sur la route: quelle est votre mission, votre but, votre destination, pour quelle durée,  etc….Qu’est ce que cela doit être dur pour eux de pouvoir répondre à ces questions? Les gens adorent nous poser des questions, mais serait til capable de se les poser eux-mêmes? Notre entreprise les surprend tellement qu’ils n’arrivent pas à nous classer. Ils fouillent dans notre passé,  notre futur, pour se rassurer…nous caser.

Le jour suivant, Tot , notre objectif , se fait attendre. Des 7 kilomètres annoncés, nous en ferons peut-être 15 pour atteindre rien…heureusement que la piste est somptueuse pour nous faire avancer plus loin, montagnes, huttes, paysannes, gués, des rigoles d’eau qui bordent le chemin, et des manguiers qui nous offrent des délices sucrés ensoleillés en bouche, du bon carburant.
Kolowa en  descente sur presque 10 kilomètres, puis moto escorte sur les derniers, Eusebio a repris son jeu éthiopien, enfourcher les motos, ce qui allège l’équipage maternel.
Les lames des suspension de la carriole cassent encore. Fini les soudures inutiles ou si peu durables. Il faut trouver une ville pour une solution technique, un acier plus dur.

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Nous atterissons dans une famille pokot celle de Ken, le motard qui nous a péché sur la route. Il vient voir ses parents, au coeur du bush  un peu à l’écart de Chepturu. Joseph, Mary, Jocelyne, et tous les autres, pas moins de 9 enfants composent le foyer. Ils ont tous des noms d’emprunt, comme la plupart des gens rencontrés sur la route. Ils anglicisent pour se moderniser, alors qu’ils ont des noms pokots plein de sens!    Sakoma, Keptapot (celui qui stocke du maïs, du shorgo) Kepet (celui qui est né l’après midi), Kemboy (né le soir) Tiébeillchia ( le jour, où l’on fait beaucoup de travail) Yalakat (né la nuit) . Ken, le motard, ou Koskeille ( celui qui n’est pas venu vite) habite à la ville , Eldoret, avec sa femme  elle instit, lui à moitié guide, à moitié dans la politique locale.
Allez voir son site si vous voulez venir, nous, on ne l’a pas vu car l’accès à la toile est plutôt rare. on ne sait pas s’il est fiable professionnellement, on sait juste qu’il est très hospitalier, et ça c’est pas donné à tout le monde, alors on lui met un bonus humain.

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Échange de cultures: langues, moeurs…nous situons la France, le Kenya, sur la mape monde, ils nous font goûter le lait fermenté servi et conservé dans une callebasse!

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Kepet vient de tuer avec une flèche,  un “dik- dik”, cette gazelle naine qui nous file sous le nez au bord des chemins. Nous admirons ce nez bien étrange,  “arobe” selon Eusebio. Ce trophée de chasse de l’après midi fait rêver les mômes sur l’usage d’un arc. Ils s’entraînent jusqu’au soir.
Et le soir, ils nous offrent une cuisse pour égayer le parfum de notre riz blanc aux oignons et gingembre. Immpressionnament tendre et sublimement faisandé,  “la nuit est fauve, elle est sauva -age!”

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La grande famille du monde, on n’est pas tout seul, même au milieu de nulle part dans les fourrés à 200 mètres de la piste.

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6 enfants sur les 9 sont présents

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Au matin, nous découvrons que Keptapot a 2 autres femmes et 4 enfants de plus. Voilà pourquoi le nombre d’enfants variait lors de nos discussions. Nous en apprenons un peu plus sur leurs moeurs. La polygamie fait partie des coutumes. Le voilà partis voir sa femme de la journée, son deuxième foyer à 3 kms de là,  c’est pratique. Variation de coutumes, partage inter foyer, enrichissement pour tous, c’est le nomade du foyer! Pourquoi pas?

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Soupe aux herbes et  écorces locales pour guérir le mal de ventre de Yalakat, le petit dernier.

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Rêve de môme.

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Chacun le sien, de rêve… on veut toujours le jouet de l’autre

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Cette nuit les termites ne nous ont pas mitonné. Quelle tristesse! En voyage avec nous depuis la Tunisie, elle nous tient chaud la nuit, nous sert de natte quand nous mangeons par terre. Seule avantage, on s’alège encore un peu…

“Les montagnes ne peuvent se déplacer,  mais les gens peuvent!” Alors, allons y ! Rencontrons nous, ici ou ailleurs! nous lance Koskeille à notre départ.

Sur le chemin, les pierres,  les pentes et le soleil ralentissent notre progression. Depuis 2 jours les paysages changent et la chaleur monte. Les rivières disparaissent et le climat est plus aride, nos corps suent, fatigués par le rythme des jours précédents. Le thé au lait traditionnel, partage avec la famille, ne suffit pas. Le carburant nous manque. Nous nous hissons une dizaine de kilomètres plus loin jusqu’à Barpello.

Kenya: 3/07: Marich pass- Chessegon : rêve de piste.

A Marich pass, nous prenons encore le temps pour nous reposer.

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Jambo le Caméléon, trouvé sur le chemin est la star du jour. Sa démarche,  ses hésitations pour avancer, sa robe changeante, de quoi se metamorphoser en biologiste un instant.

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Au matin, nous troquons notre farine de poridge contre des chapatis, car le ” millet” contenu dans le mélange est trop acide pour nos “habitudes guturales”. C’est la première recette que nous ne parvenons pas à avaler depuis notre départ.

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Cent mètres de goudron, premier panneau depuis 300 kilomètres, et hop, nous nous  échappons vers l’est, boudons cette route qui s’offre lisse, mais qui, d’après les questionnements , devient rapidement trop urbaine, trop fréquentée. (Kitale, Eldoret) .

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Accros de piste, nous sommes aussitôt récompensés par une large rivière aux gros rochers lisses façonnés, pont de fer, troupeaux de chèvres, ânes, clochettes qui tintent, tout devient bucolique. Bain de rêve,  rêve de môme.  Les enfants façonnent des boules de terre, creusent, piétinent pataugent, c’est le grand dégraissage,  décrassage.

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Tous seins nus, une déesse atirée par notre blancheur qui luit au soleil, se précipite, se dénude â son tour. Elle danse, endiablée, s’éclabousse, chante, virevolte. Son ivresse l’aide à désinhiber ses sens. C’est vivant, spontanée,  sensuel, naturel. Les enfants adorent, les grands aussi.

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Sur la piste qui s’adoucit, plein d’euphorbes candélabres, arbres à lianes, plantes grasses gigantesques, aloé verra, plantes grimpantes, plantent le décor.
La piste en terre et cailloux longe l’imposante chaîne de montagne : les Cherangani: un régal naturel, délicat, intemporel

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De ci de là, des hordes d’écoliers en uniformes colorés surgissent.

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Les suspensions de la carriole cassent encore…
10 km plus loin, nous faisons halte à Segor pour réparer,  se restaurer, se couper les cheveux, raccomoder les sacoches….les gens sont calmes, l’air devient plus humide.

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Une autre vision  de L’Afrique à l’envers,  tout est relatif

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Plus aucune voiture ne circule, seules quelques motos musicales chargées d’au moins 3 personnes roulent lentement.

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Le passage d’une demi douzaine de gués  rafraîchit nos peutons, nos bécanes et nos moutards, ravive l’aventure.  Cette fois, nous dévorons la piste!

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Des enfants archers échangent leurs armes contre une grosse voiture en plastique, que nous transportons depuis l’Égypte, cadeau de l’orphelinat à notre départ.  Jouet d’ici contre jouet d’ailleurs. Avouons que transporter une voiture, même silencieuse, dans nos sacoches ne nous plaisait guère…

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À chaque école perdue dans la brousse.. une nuée d’enfants nous pousuit. Et lorsqu’ils découvrent Jao dans la cariole, les voila qui se mettent à faire de petits bonds, des cris de joie, leurs dents blanches éclairent ces joyeux visages.

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Un mauvais passage de gué,  une pierre encaisse brutalement le poids de la carriole en dévers, l’élan , la pente accentue la force. Trois rayons  s’arrachent brutalement de la jante….Vision déroutante de voir cette roue tourner en patate! Il faut réparer immédiatement, à l’ombre dun accacia, le temps dune nouvelle crevaison… Quelques oeillets font l’affaire, cette jante en aluminium s’oxyde, se ronge, se fragilise… que faire?

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Dans l’après midi, nous saluons les hommes allongés sous les arbres, appuie tête bien là, occupés à discuter, boire le thé.  Les femmes font de même de leur côté.

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Kenya: 30/6:Lodwar Kainuk: bipède “blanc-rose” ,suspensions et caméléon

Au départ de Lodwar, nous rêvions d’une piste dure, goudron, pétrole, asphalte, qu’importe l’éthique, mais un peu de dure pour que notre avancée soit plus douce. Seuls quelques maigres plaques  d’un ancien revêtement qui doit dater d’au moins tout ca, demeure sur le sol. Nous essayons de slalomer, mais rapidement, plus rien ou si peu, nous devons affronter une piste ondulée de bosses, formés par le rebond des vehicules qui roulent trop vite. Minés de cailloux en complément, et nos os continuent d’encaisser, de se tasser.

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À Lokichar, dans la mission qui nous sert de refuge pour échapper au nuage d’enfants qui nous poursuit, une soeur s’exclame:” Tout ça en vélo! C’est un véritable sacrifice! Dieu vous bénira.” Fort à propos après le calvaire vécu sur la piste.
Nos corps meutris par les secousses, endoloris, choqués,  pleurent encore de douleur le jour suivant. Les courbatures, les muscles, et même nos os en parlent encore.

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Nous sommes dans la réserve de la mission, entourés de curieux touristes  venus observer cette espèce rare, en voie de disparition, en Afrique, le bipède “blanc- rose”, qui ne se déplace qu’en vélo. …et ça durera jusqu’au coucher de soleil, pour recommencer à l’aube.
Nous devons nous laver dans l’obscurité

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Les filles nous apportent la braise pour cuisiner notre repas du soir.

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Quelques traces paléontologiques, géologiques d’un antique revêtement sur le chemin.

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Et voilà l’apparition des chapatis, la deuxième recette qui enchantera nos papilles durant la traversée du Kenya.
N’oublions pas le premier, le principal “ougali mboga”, cette purée de maïs à saisir à la main, accompagnée de choux, dont nous nous gavons.

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Reunion au village, le banquier pasteur fait de la propagande pour une carte de retrait… Nous faisons office de diversion.

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Les turkanas affichent leur coutumes. Rasés sur les côtés avec de mini tresses au sommet, le mouvement punk a certainement emprunté ces racines ici.

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A Keekunyuk, un peu avant Gakong, un homme nous interpelle: ” I guess your family is complete. So do that mean if you find a suitable place to live on the way, would you stop and settle for building a house?” That’s a good question…

A Gakong , un karibou de 100 personnes nous déborde, la fatigue nous piège: un réflexe police…  nous coupe de l’humanité pour la soirée. Turkanas et pokots, la tribu voisine,s’affrontent paraît-il régulièrement. Nous devons nous réfugier dans une pièce.  Nous préférons notre tente dehors, pour capter un peu de vent, pour éteindre le feu d’une chaleur accabalante. Comme toujours, les dangers sont partout mais ….

La piste se durcit mais reste globalement identique au jour précédent.
Hansel: “quand il n’y a plus de pierres devant ma route, mes yeux regardent, mes jambes pédalent, et je rêve dans ma tête.” Il est vrai qu’ après le sable nous sommes arrivés dans un univers minéral…. concentration, expertise, nos yeux sont rivés au sol pour trouver la route idéal, la moins violente pour nos corps usés.

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Eusebio, besoin d’amour

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Des traces de babouins, à celle du bipède “blanc-rose”, quelques millions d’années, le sable vicieux prête une empreinte éphémère.

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Les suspensions de la carriole cassent à nouveau une dizaine de kilomètres avant Kainuk. Cette piste nord kenyane est vraiment dure pour tous.

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Les peintures sur les murs en torchis, l’âtre en terre séchée,  et les fameuses  gamelles chapeau melon “soufouria” , le récipient officiel, traditionnel.

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Apres la séance soudure, Idriss nous a invité hier soir pour casser le jeûn du ramaddan quotidien.  Au menu, sorte d’injera moins acide, plus proche de la crêpe,  avec laquelle on saisit riz, haricots rouges en sauce. Les plus pressés saisissent le riz directement, le pétrissent et piochent le reste avec. En dessert, dans la pénombre, un porridge ………..
Nous avons partagé un chouette moment sur la natte avec  cette communauté somalienne, réminiscence des terres musulmanes traversées.

Ce matin, il nous raconte que la montagne turkwell, celle devant laquelle nous discutons, fait l’objet dun conflit récurrent entre les turkanas et les pokots…originellemnt le territoire appartenait aux premiers, mais l’ancien président les aurait déplacé pour y établir les pokots. Division orchestrée pour piller les minerais de la montagne, établir un barrage hydroélectrique…diviser pour mieux régner.

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Les enfants, toujours aussi nombreux, restent très délicats.  Ils ne touchent pas , ne volent pas , ne quémandent pas. La comparaison classifie, catégorise, divise, mais là,  on ne peut résister….rien à voir avec l’ Éthiopie.

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Ils partent avec leur ” lunch box” à l’école: “chapati ou ougali?”

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Barrière à bascule: on rêve de vert, de piste, dun chemin qui nous berce, plutôt que celui qui nous bouscule depuis la frontière.

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Encore des chèvres,  des chèvres,  et des chèvres

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Réapparition des ânes,  perdus depuis l’ Éthiopie. Est ce le signe d’une verdure environnante?

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La piste est bordée de plantes grasses grimpantes qui semblent être carnivores. Elles recouvrent les accacias. De grands euphorbes candelabres trônent eclairent notre chemin. Babouins, gazelles naines (le fameux “dick-dick”), gros, lézards, caméléons,  mini écureuils traversent la  piste devant nous. Les voitures sont toujours aussi rares, peut être une toutes les deux heures. La montagne nous encadre à  l’Ouest.  Quelques enfants surgissent de nulle part, nous saluent, et courent courent avec nous, en poussant une jante de vélo,  qui résonnent sur les pierres. Ils nous indiquent le chemin à ne pas emprunter. Puis soudain, de la fraîcheur, une rivière pour se laver,des vaches, des femmes qui cherchent de l’or, de la vie en pagaille, une femme d’un village pokot ofrre à Cecile un bracelet pour la protéger sur la route.

Kenya: 25/6:Todenyang Lodwar: chèvres, ange du désert, et colliers en chaîne

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bienvenue dans la savane… dans un décor pareil, nous imaginons déjà les lions, les éléphants, les girafes, les gazelles.C’est encore trop aride, il faut attendre

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En attendant, nous ne croisons que des pasteurs nomades avec d’immenses troupeaux de chèvres.

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Des oiseaux bleux et rouges se réchauffent face au soleil levant. Nous les voyons plus tard lentement planer au ras du sol comme des raies, en quête de nourriture.

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Les Turkanas ressemblent au Darsenashs avec leur silhouette élancé, si peu de choses les séparent sinon cette notion bien abstraite pour eux de frontière, l’objet du conflit qui les opposent. Territoire, propriété ne les importent guère.  Ils ont des besoins: boire, nourrir leur bétail,  pêcher du poisson dans le lac. Les Darsenachs tentent de conquérir le territoire occupé par les Turkanas, qui exploitent les eaux du lac.

La zone conflictuelle ne date pas d’aujourd’hui. Ils totalisent paraît il plus de 300 morts sur ces dernières années.  Les AK 47 posés sur les épaules des 2 tribus ne sont pas que de la décoration,  intimidation. Nous comprenons mieux la surprise sur le visage des habitants du coin de nous voir nous promener là.

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Nous avons troqué un petit appuie tête Hammer contre un arc et des flèches,  pour satisfaire les rêves de môme.

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Après dix kilomètres d’épreuve dans ce sable, nous sommes très heureux de découvrir un petit batiment, un petit hôpital missionaire. Metronidazol pour un petit réglage stomacale de Jao,encore de la  biochimie, du biopouvoir. Nous sommes loin de l’autonomie médicale. Rêve dherboristerie.
2 kilomètres plus loin, Anne est encore là ou déjà là au coeur de la mission, là où elle habite. Trois mois ici, à Todenyang, au milieu de nulle part, 1 mois chez elle, un vrai ange missionnaire. Elle veut nous préparer à manger. 2 chapeaux melons aluminium,  en vice versa, un rempli de riz et de sauce, l’autre en couvercle, c’est le style Kenyan, en tout cas, d’ici au bord du lac Turkana. Bien utile pour transvaser l’un dans l’autre,  ou l’autre dans l’un.  Plat chaud, chauffe plat.

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Les colliers ont encore doublé de volume pour les femmes. Comme toutes les célibataires, celle- ci en a encore plus que la moyenne pour attirer l’oeil d’un futur partenaire.

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Temps d’école,  d’écriture au calme, sans une foule d’admirateurs, si rare.

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Et toc, la carriole fait une ruade. Jao voit les étoiles. Le timon a rompu à l’endroit de sa courbe. Nous sommes enlisés pour de bon à une paire de kilomètres du village de Lowarengak. Nous en aurions fait une vingtaine depuis ce matin, épuisés.

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Quelques minutes avant la rupture.

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Dans ces moments de casse, nous glorifions notre autonomie. De l’eau,  du riz, des oignons et une gamelle, et nous pouvons relativiser plus facilement l’événement. 
Et avec surprise, nous ne sommes pas seuls. Des femmes rapportent l’eau du lac à un village un peu plus loin. Puis des enfants, alertés de notre présence nous rejoignent. Un instituteur  les disperse, pour discuter avec nous. Quand nous le questionnons sur la compositon de leur repas, il nous avoue qu’il ne se cultive pas grand chose ici. L’irrigation  ne se pratique pas.Le poisson, le poisson, et le poisson reste le menu essentiel, évidemment l’ougali est son fidele compagnon. rarement agrémenté de choux parvenus de la ville.

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Les petites huttes locales en papyrus du bord du lac.

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Frère Andrew , missionaire,nous avait croisé sur le chemin, un peu plus tôt,  et nous avait proposé de nous prendre au retour. Ce sont les seuls avec les militaires à arpenter ces espaces, soit environ 4 véhicules par jour… Nous avions refusé, nous avons fait le choix de nous déplacer à vélo, nous l’assumons. Cette fois, nous n’avons plus le choix, nous ne pouvons plus tirer la cariole. Nous sommes heureux, au départ, de le retrouver au milieu du désert.
Rapidement, cette joie se dissipe avec les balottements de la piste. Il roule très vite et les rebonds de nos carcasses sur les bancs métalliques arrières du véhicule nous font souffrir, soufffir.
il est parti, pressé vers Lodwar, plus rien ne l’arrêtera. Plus de 100 kilomètres où defilent désert,  villages avec ces petites huttes, et bergers  avec ses chèvres. Le sable sur la piste et le lac que nous apercevons au loin depuis la piste, ne nous fait pas regretter cette option…enfin presque.
Les secousses, accumulées avec notre fatigue, rongent notre physique. Nous ne rêvons plus que d’une chose, descendre, arriver, retouver nos bicyclettes qui souffrent elles aussi sur le toit.

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A l’arrivée,  à Lodwar, nous sommes contents de retrouver la terre ferme. Nous sommes invités au Diocèse St theresa chez les soeurs. Malgré un solide arrimage, un morceau de porte bagage sest désoudé, et le plus grave, c’est la perte des lunettes de Greg, qui ont glissé de sa poche avant, sans compter quelques outils.
Accueillis comme des princes, nous dégustons des jus de mangue, des frites, et de l’ougali stew, bien évidemment.

Nous avons même une chambre privé pour la famille, avec salle de bains. Dans le parc, les singes vervet amusent les enfants et volent nos provisions.
Les enfants n’en reviennent pas des petits déjeuners au self du domaine. Margarine, confiture, saucisses anglaises, et oeufs. Dejeuner et diner sont aussi variés et copieux.
Nous nous encroutons 2 jours complets pour nous remettre d’une fatigue accumulée considérable. Depuis la reprise à Addis abeba, nous n’avons pas fait de pause, à cause de la course  au visa, et le sable nous a achevé.

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Merci pour cette invitation royale, encore un don du ciel!

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Les turkanas se sont faits piéger par les banquiers….nous les avons vus dans la brousse leur vendre les vertus des cartes de retrait.

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Tous à vélo pour vendre des balais par exemple.

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Après soudure du timon de la cariole, nous partons. Mais à peine quelques centaines de mètre plus loin, voilà que les suspensions cèdent à nouveau, accompagné d’une crevaison.
Deux heures de reparation plus tard, il est trop tard!, le soleil est trop puissant pour accepter l’imprévu. La chaleur est accablante depuis le passage de la frontière.

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John, de Chilldfund, est inscrit à warmshowers! Nous honorons son invitation, grâce à Loïc,  un autre cyclovoyageur qui nous précède,  et qui nous a indiqué que John voulait absolument nous rencontrer.

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Et même absent ce jour là,  il a tout arrangé par téléphone,  nous avons passé une soirée au calme avec sa femme et ses enfants .

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